Fin 2014-début 2015, l’auteur de Femmes a publié, chez Flammarion, Littérature et politique, recueil de quatorze ans de chroniques mensuelles dans le Journal du Dimanche.
Partir pour la capitale du Sud-Ouest, avec le livre d’un Bordelais, les 3 heures 45 de trajet passent plus vite. Ce qui est bien avec Philippe Sollers, c’est que n’importe quelle phrase, a priori anodine, est léchée et travaillée.
Sur 750 pages de billets d’humeurs de septembre 1999 à juin 2013 dans un hebdomadaire dominical, ou du moins sur les 184 pages lues jusqu’à présent, défilent le débat sur le quinquennat, le 11 septembre 2001 ou encore le 21 avril 2002.
Ainsi, le 28 mai 2000, propose-t-il le « quinquagénat » : « Tout candidat (ou candidate) à la direction de l’Etat devra impérativement avoir cinquante ans (Philippe Sollers a alors 63 ans) et sera élu pour un an renouvelable pendant cinq ans. Ensuite, stop, à la retraite. (…) Le quinquagénat devra être paritaire. Après un homme, une femme. »
« Votez province, votez proximité, calme, votez Poitou«
Ou quinze mois plus tard, le 26 août 2001 : « On n’imagine pas, par exemple, des services secrets publiant leurs comptes. Pas plus qu’un président de la République rejoignant son château très protégé à vélo. » Cocasse de lire cela à l’heure de Christiane Taubira, ministre de la Justice, se rendant au Conseil des ministres en deux-roues.
Un an plus tard, au lendemain du bal tragique du premier tour de l’élection présidentielle, gueule de bois du 26 mai 2002 : « Elections, pièges à cons » osaient crier les dégénérés (Jean-Sol Partre si tu nous lis !) d’autrefois. Rectification de la belle jeunesse d’aujourd’hui : « Abstention, pièges à cons ». A bas le surréalisme, vive le civisme. Ne jouissez jamais sans entraves : cela pourrait vous faire mal. Soyez sages, demandez le possible. Votez province, votez proximité, calme, votez Poitou. Votez patrie, votez famille, votez travail. »
César Armand