Dans Tarendol, le natif de Nyons (Drôme) donne aux lecteurs ses clés pour faire des ravages en matière littéraire, et ce pour la nuit des temps.
« Maintenant, je vais faire mon travail, assembler les verbes et leurs familles d’articles, de pronoms et de substantifs. Le moins d’adjectifs possible. Et toujours trop d’adverbes. Ce n’est pas facile. Le vocabulaire est une horrible foule. Ces mots qui se présentent, toujours au premier rang, justement ceux qu’on ne veut pas. Et chacun tient par la main toute sa tribu de livides. Avec leur visage usé comme celui des filles qui ont trop servi. Celui qu’on cherche, précieux, juste, celui-là fuit. Travailler, écrire, biffer les phrases déchirer les feuilles, recommencer dix fois le chapitre. Jusqu’au moment où l’histoire devient un peu plus transparente. S’arrêter quand on n’en peut plus. On n’en finirait jamais. »
René Barjavel, Tarendol, 1946
César Armand